Le joint épouse ses lèvres. C’était comme ça qu’il l’appelait. Tu le regardes avec cette admiration habituelle, presque exagérée. Il pose son regard sur toi, et hoche légèrement la tête. « Petit frère, ça, c’est bon. » Tu lui offres un sourire niais, envieux d’en savoir davantage. « Ça fait quoi ? » Fronçant les sourcils, tu essayais de chercher la réponse dans ses yeux clairs. En vain. « Tu oublies. T’es dans ton monde, dans ta bulle. Tu te sens fatigué, aussi. » Tu écoutes, tu ne dis rien. Ça t’intriguait. Un peu, même trop. Tu le vois recracher sa fumée, ça te paraissait si facile. Tout te paraissait tellement simple quand tu étais avec lui. Ce lui, ce jeune homme, ce grand frère.

« Elle arrive quand maman ? » Tu allumes une cigarette, pendante à tes lèvres. Mason, lui, il te regarde, presque attristé. Il s’éloigne, il revient vers toi. Il passe une main sur son visage, dans ses cheveux et finit par échapper un long soupir. Tu ne comprends pas, mais tu le voulais tellement. Elle allait rentrer plus tard que d’habitude, tout simplement. En fait, tu essayais de te rassurer. C’était presque dur en voyant les yeux humides de ton ainé, ses mains tremblantes et son air pâle. C’était difficile, c’était injuste. Tu avais ta petite idée en tête, alors essaye d’affronter la réalité. Avec hésitation, tu t’approches de ton frère et tu t’empares de ses poignets. Tu le fixes avec insistance, tu étais définitivement prêt. « Elle ne reviendra pas, c’est ça ? »

uc.

« Il faut que je te montre quelque chose. Viens, Romy. » Elle, c’était mon amie. La meilleure, la plus étrange. Je m’étais attaché à ses yeux bleus, à son air angélique ou encore, à son silence. Quelques années de complicité et peu de mots échangés. Tu la préviens de te suivre, c’était important. Pour toi, bientôt pour elle. Vous traversez une longue route visiblement déserte, vous arrivez près de plusieurs voies ferroviaires. Tu la regardes, tu lui souris. Tu savais qu’un train ne tarderait à passer mais tu savais surtout, que c’était le bon moment. Tu t’avances vers elle, tu frôles son poignet. Tu n’osais pas la toucher, c’était trop difficile. « Regarde bien. » Ta voix résonne. Tu voulais lui montrer que tout ça, c’était faux. Durant toutes ces années, tu n’étais qu’un éternel fantôme. Tu étais mort, Kasper. Tu étais mort, et elle te croyait vivant. Le train se fait entendre, tu t’approches des rails. Le sol commence à trembler, il arrive vers toi. Tu t’apprêtes à faire un pas, ce dernier pas. « Kasper, arrête. »

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